Adieu Ami

Le Livre spirituel de la Brebis …
Brebis Galeuse, Cheval d’Orgueil ou Tête de Mule ?
Voici comment une amitié d’enfance s’effondre,  voilà  comment quelques minutes suffisent à desceller une relation vieille de  décennies : une conversation sur la météorologie… (une passion personnelle que bizarrement Brebis  n’évoque jamais ici) et sur le réchauffement climatique. Brebis énonce que, « si l’humain perturbe bien la faune et la flore avec ses pollutions, il n’est pas si certain que le dit-réchauffement soit d’origine anthropique ». L’ami ( écolo) offusqué, de répondre, par une interjection qui tue, l’interjection  suprême : « né-ga-ti-on-nis-te ! ». Brebis a la bouche bée. La conversation s’envenime, et s’enflamme. Brebis dit : « ce baratin de négationniste, c’est de la police juive de la pensée pour faire taire ceux qui ne pensent pas  bien… ». Cet ami s’emporte et sort que Brebis ne dit que des poncifs… et puis, tout y passe :  Shoah, 11 septembre,  lune, révisionnisme, communisme. L’ami convient ne pas forcément croire aux thèses officielles, mais, affirme ne pas croire pas non plus aux thèses conspirationnistes. Il se met, comme Chrisss, à hurler sur les religions, base, selon lui, de toutes les horreurs,  fustige la chrétienté. « Pourquoi seulement la chrétienté ? » dit Brebis. L’ami  rétorque, « les autres aussi ». « Ah oui, dit Brebis, « mais je te signale que tu ne les cites pas. Puisque tu vomis les religions du Livre, vomis en premier le Judaïsme, sans oublier l’Islam, ça enrichira ton anticléricalisme primaire … ». La conversation tourne, tourne, tourne dans le vide … puis au vinaigre. Ces deux-là ne se comprennent pas. Le lendemain, ils se revoient pour des affaires oubliées, autour d’un café à Quimperlé, à mi-chemin de chez l’un et l’autre, autour d’un café. L’ami fait une tête des plus curieuses. Ses yeux surtout. Une expression que Brebis a déjà vue une fois chez un autre ami  : mépris, dégoût, déception, effroi, dépit, désamour… Les yeux étant  les fenêtres de l’âme, par principe de vases communicants, ces flots de sentiments négatifs, Brebis les reçoit dans la sienne dont la coupe est déjà pleine de ce suc. Il dit, « je suis déçu », parle « d’ondes négatives » … « de merde ». Brebis passe sur d’autres  détails. C’est la fin. Brebis dit : « je croyais que notre amitié allait au-delà de l’idéologie. Tu diras à ta fille que je l’aime beaucoup ». Ils ne  se verront sans doute plus. Un de plus, ou un de moins. Les idéologies nous divisent, ceux qui règnent en maitres absolus sont ravis de ces divisions. Que Dieu, ce Dieu auquel lui ne croit pas,   pardonne à ces deux-là, cette impossibilité de dépasser leurs différends. Rien à faire. Brebis ne peut pas, Brebis est handicapée. Brebis n’arrive pas à tricher. Brebis ne cède pas d’un pouce, l’ami non plus. Il finit son café, s’en va, quitte la table. Brebis, esseulée, s’en va à son tour, boitillant un peu plus… Le joug des jours se faisant de plus en plus pesant. Ni l’amitié, ni l’amour ne se peuvent retenir. Brebis a tenté,  ce fut  un échec. Brebis retourne dans sa loge à elle : sa propre Bergerie. Son arche de Noé, entourée  ses animaux chéris. L’amitié pure est aussi une des formes privilégiées de l’amour.  La Nostalgie prendra la place occupée auparavant par ce qui fut une amitié sincère. La nostalgie étant  une expression élevée du sentiment humain, reliée à la mémoire,  dont Brebis connaît déjà de nombreux coins et recoins, et dans laquelle, par masochisme, ou par esprit défensif, elle aime souvent à se complaire. La déréliction est le prix à payer, non pas de la liberté d’expression, mais de celle de penser. C’était là le son d’une seule Cloche et Brebis ne  fera plus tintinnabuler, par son témoignage,  celle de cet ami parti au loin …

14 Commentaires

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14 réponses à “Adieu Ami

  1. Ton texte est magnifique!Amicalement, Ibara

  2. Bah c'est pas grave Brebis ! Quand on a des amis comme ça on n'a pas besoin d'ennemis puisqu'au bout du compte tu n'as rien en commun avec cet idiot utile ! T'es sorti de la matrice toi alors continu d'être talentueux et laisse tomber les boulets ! Au mieux tu peux prier pour lui…Biz mon gars,Trinita

  3. chère brebisje ressens avec tristesse votre nostalgie de cette amitié perdue et je m'associe à l'éloge d'Ibara. Vous vous êtes heurté comme beaucoup d'autres avant vous, et certainement beaucoup après, au "barrage sanitaire" patiemment et méthodiquement instillé dans les consciences des moutons. On s'étonne de constater combien ils sont aussi nombreux aujourd'hui qu'hier. L'espoir d'une prise de conscience salutaire parait bien mince mais quelques lézardes apparaissent et pourraient, à travers l'élection de quelques députés frontistes à l'assemblée (par exemple), commencer à fissurer ce barrage.Votre ami quelques-soient ses qualités (et il doit en avoir sinon il n'aurait pas été votre ami), semble néanmoins dépourvu de clairvoyance et vous ne "broutez" pas dans la même prairie. Sa nourriture quotidienne servit par ses maîtres lui suffit et vous venez déranger son bel agencement psychologique en lui proposant de partager votre repas. Les faux bergers et le troupeau presque unanime lui rappellent chaque jour et depuis des lustres, que l'herbe que vous mangez est infestée de chardons. Il n'arrive pas à se fier à sa raison, tant la peur de votre transgression le paralyse. Et votre transgression suprême, c'est la recherche sans concession de la vérité. Les faux bergers d'aujourd'hui se battent avec acharnement pour que le Vrai Bergerv"Je suis la Voie, la Vérité et la Vie" ne puisse faire paître ses brebis dans les bons pâturages qu'il nous destinait. Gardons l'espoir car celui qui nous juge sonde les cœurs et les âmes et le mensonge érigé en vertu tombera avec fracas de son piédestal. Courage petite brebis vous avez fait une grande part du chemin. Grâce à vous peut-être certains trouveront la "grâce" du "bon combat".Gardez vous seulement de ne pas vous laisser envahir par la haine. Car c'est le principal écueil que les gens injustement ostracisés doivent absolument éviter. Et c'est le raffinement suprême de celui "qui se prend pour Dieu" et (qui dirige les "faux bergers") de faire chuter les âmes nobles dans les tourments du désespoir et de la haine.Excusez par avance ce commentaire, mais je suis allé voir Faust de Gounot (superbe et totalement d'actualité) et je suis dans la disposition d'esprit de Marguerite:" Anges purs, anges radieux…."

  4. Beau texte, bravo. Quant au fond, il n'y a rien à regretter, ce sont amis que bêtise emporte…mais bon, il n'y a que vous qui puissiez en juger.Amitiés (c'est la cas de le dire).

  5. C'est le fardeau et le prix de notre liberté. On est tous passés par là (ce qui n'est pas vraiment rassurant). Dans ce cas, j'estime que ce n'étaient pas de vrais amis. On peut considérer beaucoup de personnes comme des amis, hors, je ne vous apprends rien, ce sont dans les moments difficiles qu'on les compte sur les doigts d'une main.Ne croyez plus que cette personne ait pu être votre ami. Cela vous évitera bien des souffrances et des regrets. Tout le monde peut se tromper. Vous dans la foi que vous aviez vis-à-vis de cette personne. Elle dans sa propre tromperie.Elle ne vous connai(ssai)t probablement pas assez dans la souffrance à surmonter et l'effort constant à réaliser pour être libre (la liberté ne se donne pas, elle se conquiert).L'esprit critique et l'opposition sont les seuls moteurs de notre liberté et qui nous font exister.Bonne chance et bon courage.Séb

  6. inexact, c'était un vrai ami…depuis 30 ans !

  7. si c'est grave, mon ami le plus ancien, on a chauffé ensemble les bancs de l'école…

  8. Vous êtes mieux placé que moi… Tout le monde change. L'amitié n'est donc pas un roc. Elle s'use aux grés des vagues et des marées (vous, le breton…). Glorifier l'amitié revient donc au même qu'à glorifier l'amour. Foutaises que tout ça.. D'ailleurs les amitiés qui durent une vie sont l'exception, pas la règle. Arrêtons de rêver.Séb

  9. Une amitié sans pardon et sans respect des idées de l'autre c'est particulier non ? Enfin bref, bienvenu dans le club des déçus de l'amitié !PS: Que tu sois navré est normal mais par pitié ne t'en veux pas…Parce que tu serais injuste avec toi-même !Bon courage,Trinita

  10. "L'amour! six mois de braises! trente ans de cendres!" Prince Salina (dans "Le Guépard")"Nous fûmes les guépards, les lions, ceux qui nous remplaceront seront les chacals et les hyènes, et tous, guépards, chacals et moutons, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la terre." A priori… rien à voir… voire!Il y a de quoi donner dans le spleen après 30 ans d'amitié… j'ai connu ça. Les cicatrices de l'âme… On s'en remet… encore plus blindé!Abertzal

  11. C'était de l'amitié, qui, parfois est plus solide que l'amour, parfois…

  12. Oui, sur fond d'orgueil, les idéologies nous séparent…C'est affreux !Mais toujours possible de dépasser !

  13. Miche, que ton âme est douce, au regard de la violence de la mienne. Dès qu'on va sur ton site, on est empli de cette douceur.

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